2020 : le nombre de défaillances d’entreprises a atteint son niveau le plus bas en 30 ans… au climax de la crise sanitaire. Les explications qui justifient ces chiffres sont les mêmes qui font craindre à une année 2021 à haut risque.
Les chiffres
Le cabinet Altares révèle les chiffres : en 1 an, les défaillances d’entreprises ont reculé de 38,1%. Et tous les secteurs d’activité sont concernés. En 2020, la restauration – touchée dans une large mesure par les fermetures administratives – affiche une baisse de 39,1% en comparaison avec 2019.
Les chiffres permettent néanmoins un constat : les entreprises sont d’autant moins touchées par les défaillances que leurs effectifs sont moindres. Une baisse de 36,6% pour les microentreprises, 30% dans les TPE, contre 25,8% “seulement” de baisse enregistrée chez les PME de plus de 50 salariés. Il semble que le poids de la masse salariale joue en faveur des effectifs réduits…
Autre conséquence à tirer de ces statistiques : les redressements judiciaires sont davantage en recul par rapport aux liquidations judiciaires. Car les défaillances d’entreprise, dans leur détail, incluent différents niveaux de gravité.
Défaillances d’entreprises VS entreprises en difficultés
La Banque de France le rappelle : « la défaillance est qualifiée par l’ouverture d’une procédure collective donnant lieu au dépôt d’une déclaration de cessation de paiement ». Sont donc exclusivement concernées par les chiffres les redressements et les liquidations judiciaires, sans tenir compte des procédures de sauvegarde ou de conciliation.
- Habituellement, environ 2 procédures collectives sur 3 sont des liquidations. En 2020, la proportion passe à près de 3 sur 4. Cela confirme s’il le fallait que les défaillances en période de Covid-19 sont réellement plus importantes, au point que les entreprises ne sont pas en mesure de présenter un plan de redressement.
- Les procédures de sauvegarde et de conciliation sont exclues des chiffres. Pourtant ces procédures ne doivent pas mener à minimiser les difficultés des entreprises.
Moins de défaillances recensées par les Tribunaux, soit, mais les entreprises en difficultés sont une réalité inévitable.
L’impact paradoxal de la pandémie de Covid-19
Plusieurs explications justifient la diminution du nombre de dépôts de bilan :
- Les Tribunaux de commerce ont été mis au ralenti pendant toute la durée du 1er confinement, ne faisant que retarder l’échéance.
- Les mesures gouvernementales de soutien aux entreprises en difficulté ont permis de les maintenir « artificiellement » en état de poursuivre leur activité – les aides de trésorerie (fonds de solidarité, prêt garanti par l’Etat, activité partielle…) mais aussi les reports ou remises de charges.
- Les évolutions réglementaires ont momentanément bouleversé l’échéancier légal dans le cadre d’un état de cessation de paiement – report de la déclaration de situation jusqu’à 3 mois après le terme de l’urgence sanitaire.
- La solidarité inter-entreprises a également joué un rôle : les délais de paiement ont permis encore une fois de retarder les difficultés de paiement.
- Les assignations des créanciers, déclencheurs de nombreuses procédures de redressement et liquidations judiciaires, ont été gelées en 2020, les créanciers ont été ensuite incités à la mise en œuvre de règlements amiables.
La baisse des défaillances d’entreprises ne signifie donc pas la diminution du nombre d’entreprises en difficultés, bien au contraire… L’impact des différentes mesures prises par l’État, pour maintenir l’emploi et l’économie, n’est en effet que temporaire.
2021 : la crainte de l’effet de rattrapage
Ce n’est pas une surprise, les effets de la pandémie se feront sentir sur les défaillances d’entreprises. L’État, par le biais de son plan d’aide massif, a débloqué des fonds pour aider les entreprises. Mais jusqu’à quand ces dispositifs seront-ils viables ? Et ces mesures ne sont pas sans contrepartie : comment des entreprises en difficultés pourront-elles rembourser leurs prêts et leurs charges ? Une vague de faillites est attendue au printemps 2021, le cabinet Altares le confirme en évoquant même une « anomalie statistique ».
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